• rencontre avec Jacques tréfouël


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  • Aujourd’hui la littérature de proximité (celle qui parle de vous et de votre région) est de plus en plus en vogue et chaque auteur tente de surfer sur cet attrait soudain en se qualifiant de local, régional… Dès lors deux camps s’opposent. Ceux qui pensent que les écrivains locaux ne valent rien (!) et qu’un bon écrivain vit forcément à Paris ( il n’a d’ailleurs généralement qu’une adresse postale !) comme on peut le reprocher à certains festivals usant de parisianisme à outrance sans doute pour éduquer les « ploucs » que nous sommes, ceux qui considèrent au contraire qu’un local est une valeur sûre. Alors une fois pour toute je vais définir les termes. Un écrivain régionaliste est un écrivain spécialisé dans les ouvrages sur les régions (la sienne ou d’autres !), un écrivain régional, ou local est un écrivain qui vit sur le territoire local, pas forcément pour y écrire, mais parce qu’il faut bien habiter quelque part car même les écrivains ont une vie quotidienne (et je vous en passe les détails !). Un auteur local peut aussi bien écrire de la littérature générale et alterner de temps en temps avec de la littérature régionaliste si cela lui chante. C’est un tel tracas pour les écrivains généralistes que certains festivals se prétendant de qualité supérieure en arrivent à inviter des auteurs dont ils n’ont jamais lu les livres (je vous jure !) juste parce qu’ils ne sont pas de la Nièvre (ou alors en résidence secondaire, ce qui là fait classe !) et en se permettant en plus de mépriser des auteurs locaux (vivant tout près !) alors que certains de ces derniers ont des carrières à faire pâlir un prix Goncourt ! A quand un exode de tous les écrivains français dans le cinquième arrondissement ???


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  • Partout dans les journaux on annonce fièrement la rentrée littéraire et ses 701 nouveaux romans, 200 essais dont 585 livres français ! C’est vrai qu’à première vue il y a de quoi se réjouir… Mais la réalité est toute autre. Dans un pays où le commerce du livre est détenu par deux grands groupes de distribution, une manne d’éditeurs dits « petits » face aux mastodontes (que sont Gallimard et Hachette pour ne pas les citer) continuent de publier des auteurs que l’on ne voit pas. Et les chiffres sont là aussi. Cette année sur 701 romans annoncés, seuls 85 sont des premiers romans. L’explication ? En ces temps de crise, les éditeurs préfèrent miser sur des valeurs sures, c'est-à-dire non plus faire leur travail de découvreur de talents mais poursuivre leur tache de commerçants. Il ne s’agit pas de rejeter en bloc ces 701 ouvrages pour la plupart excellents mais surtout d’informer les lecteurs d’un fait réel : il existe en France 7000 éditeurs dont 6200 n’ont pas accès aux médias, aux grands points de vente détenus par ces deux grands groupes de diffusion. En fait ce sont 5,6 ou 7000 nouveaux livres qui seront publiés par ces 6200 éditeurs, qui eux, n’ont aucune valeur sûre et ne publient pour beaucoup que des premiers romans ou des auteurs peu connus, ce qui les oblige à chercher avant tout la qualité. Alors je ne parlerai pas des grandes parutions de Houllebecq, Nothomb, Lévy ou Coben qui n’ont pas besoin de moi pour vendre leurs ouvrages, mais je vous invite à découvrir d’autres livres, moins connus, d’éditeurs dits « indépendants » pour qui pour la plupart ce métier est un sacerdoce et un nouveau roman, une épée de Damoclès. Bobin disait "Pour lire un roman, il faut deux ou trois heures. Pour lire un poème, il faut une vie entière."… Ne vous fiez pas qu’aux apparences…


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  • Pour le BACde cette année, le journal du Centre a demandé à quatre écrivains (Michel Benoit, Jean Noel Leblanc, Jean Charles Cougny et moi même) de plancher sur les sujets de l'épreuve de philosophie. Un exercice passionnant pour les anciens étudiants que nous sommes. NOus avions le choix entre ces six sujets:

    Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?

    Le rôle de l’historien est-il de juger ?

    La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ?

    Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

    Thomas d’Aquin, La Somme théologique

    L’art peut-il se passer de règles ?

    Dépend-il de nous d’être heureux ?

    Les sujets nous ont été communiqués à 10H00 le jour de l'épreuve avec copie à rendre pour 14H00...

    Pour ma part j'ai choisi le sujet "Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?", qui aurait mérité non pas 50 lignes mais 500 pages.... mais bon il faut savoir respecter les consignes... une fois n'est pas coutûme...

    Voici donc ci dessous ma copie....

    La conscience du passé nous oblige constamment à  penser le futur en fonction des références que nous possédons, culturelles, historiques, religieuses ou philosophiques, de notre passé, singulier, ou commun à toute l’humanité, ou simplement à une catégorie de race, de culture ou familiale. La quête perpétuelle d’un avenir meilleur est conditionnée par nos actes, et par notre héritage tel que le définissait Lamartine « Le passé, l'avenir, ces deux moitiés de vie dont l'une dit jamais et l'autre dit toujours ». Sans cesse nous bâtissons l’avenir en prenant soin de ne pas répéter notre passé et nous nous claustrons de ce fait dans une continuité, ce qui pose de fait la question de la liberté de construire.

    Pour s’assurer de construire librement son avenir, ne devrions nous pas faire table rase de son passé ?

     

    Pour Homère, la passé doit être laissé à sa place de passé, et Vaudoyer disait que seuls les ignorants et les primaires peuvent déclarer que le passé est l’ennemi de l’avenir. Malgré tout, l’avenir pour Gambetta est accessible à tous. La notion même de civilisation repose sur une transmission de l’apprentissage et de la connaissance, sur des valeurs morales ou religieuses desquelles nous sommes tributaires. Au-delà de la question de l’avenir se pose celle de la liberté de construire son avenir. Se défaire du passé, c’est se défaire de ces valeurs et s’offrir la liberté de décider de son avenir dans une perception individualiste ou plus absolue, qui se libère des codes et des connaissances. Se libérer du passé c’est aussi se défaire du poids des douleurs de l’histoire et ne pas condamner l’avenir à supporter une responsabilité historique sur laquelle elle ne peut plus agir, comme les grandes guerres, les conflits de religion ou les exactions, et se donner la liberté de créer et de faire. Faire fi de son passé pour construire l’avenir c’est aussi recommencer un  nouvel apprentissage, se permettre de créer à nouveau, une connaissance ou une civilisation. Une notion qui est à la base même de la métaphysique, défendue par le cogito de Descartes qui veut que nous doutions de tout pour atteindre une  vérité indubitable, donc une connaissance vraie, et un avenir fait de certitudes et non plus d’héritages.

     

    Mais se défaire du passé, c’est aussi éradiquer l’expérience et la connaissance. Anatole France disait « Ne perdons rien du passé. Ce n'est qu'avec le passé qu'on fait l'avenir » et Marin Karmitz que  « Ne pas transmettre ses expériences, c'est castrer l'avenir ». Toute notre éducation et notre instruction repose sur les fondements même de ce que nous et les générations précédentes ont acquis pas l’expérience. Abolir le passé, c’est certes se libérer de carcans culturels, moraux ou religieux, mais aussi se défaire de la connaissance, de la science, de l’Histoire, qui même si elle nous oblige à réfléchir à l’avenir d’une manière différente permet aussi de penser un avenir meilleur. L’évolution même de notre espèce est basée sur cet apprentissage perpétuel et intergénérationnel, utiliser hier pour améliorer demain. Sans le passé, ses héritages et ses apprentissages, l’homme ne serait probablement qu’un être primaire, dénué de progrès, de savoir et dans une perpétuelle alternance d’erreurs et de réussite. La passé est certes un poids lourd à porter parce qu’il nous conditionne dans une évolution qui sans cesse nous rappelle à nos héritages et nous prive de la liberté même de penser ou d’agir en nous assénant de notre propre histoire. Mais s’en libérer totalement c’est aussi renier cette évolution et se placer dans une situation primaire au risque de ne plus évoluer, ou de répéter les mêmes erreurs.

     

    Descartes disait « Je pense donc je suis » et cette pensée oblige à une évolution du jugement, de la réflexion. Eradiquer son passé, c’est prendre le risque de cesser de penser et donc d’exister. La notion même d’avenir est conditionnée par notre existence, la conscience même de construire son avenir est soumis à la conscience d’exister et de réfléchir, et donc d’user de ses connaissances pour améliorer sa réflexion et son évolution. Construire son avenir en oubliant le passé est un concept philosophiquement impossible parce qu’oublier son passé, c’est renier son évolution, sa civilisation et sa propre existence, et que pour construire un avenir, il faut être, et nous sommes parce que nous sommes faits de notre passé. Peut on dès lors réellement se construire un avenir sans une réalité de notre existence?

     

     


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