• Quand les ignorants prennent la parole

    prenons garde à « L’ignorance »

    de monsieur Raoult  !

     

    Monsieur Eric Raoult qui prétend imposer un « devoir de réserve » aux lauréats du Goncourt ne connaît « rien au milieu littéraire », selon Bernard Pivot, membre du jury du même Goncourt, qui sait ce dont il parle. Il est pourtant à craindre que, cédant à un penchant très courant, ces temps-ci, chez certains hommes politiques, monsieur Raoult feigne d’ignorer pour mieux les détruire les libertés les plus fondamentales dont jouit encore notre société. Comment peut-on concevoir un « devoir de réserve » imposé aux écrivains, quels qu’ils soient, autrement que sous la forme d’un bâillon ? Berlin 2009 n’est évidemment pas Bruxelles, Jersey ou Guernesey au lendemain du 2 décembre 1851… Que madame NDiaye trouve pourtant nécessaire de s’y réfugier au lendemain de l’élection présidentielle de 2007 est son droit le plus strict. Et personne, pas plus monsieur Raoult que nul autre, ne peut lui faire reproche d’expliquer ce choix par des propos certes rudes, mais revêtant, personne ne peut le nier, une large part de vérité. Madame NDiaye, qui s’exprimait ainsi plus de deux mois avant de se voir attribuer le prix Goncourt, n’est pas pour autant Victor Hugo ni monsieur Raoult un quelconque chien couchant de Napoléon le Petit… Prenons garde, pourtant, à la dérive actuelle du pouvoir. A coup de « bourdes » comme celle-là, n’est-il pas en train de nous réinventer un régime épuré de toutes les libertés et les avancées sociales acquises notamment au lendemain de la guerre ? Il est urgent de faire mentir ceux qui, dans certains milieux politiques, pensent que les dures réalités de la conjoncture actuelle rendent l’époque favorable à cette reprise en main. Marie NDiaye a eu raison de dire clairement sa pensée et de la confirmer après les attaques de monsieur Raoult. Nous pouvons encore, depuis la Bourgogne, apporter notre soutien total et entier à sa liberté d’expression. Mesurons bien la chance que nous avons de ne pas avoir, pour se faire, à nous rendre à Berlin. Et veillons à ce que l’air du Morvan, de l’Auxois, de Puisaye, de la Bresse ou d’ailleurs puisse continuer longtemps à porter haut et clair nos propos libres, indépendants, voire impertinents !
    Didier Cornaille, Pierre Léger, avec le soutien de Michel Benoit , Antoine Gavory et d'autres...


  • Commentaires

    1
    alpha
    Mardi 17 Novembre 2009 à 19:31
    liberté d'expression
    Eric Raoult a eu complètement tort de parler de droit de réserve, et il est étonnant que personne dans son entourage ne l'ait prévenu que c'était une erreur avant qu'il ne le fasse. Aussi je pense qu'il n'en a parlé à personne de son parti avant de faire cette déclaration, ce qui est aussi un tort. Concernant Marie NDiaye, elle a le droit de s'exprimer comme elle l'entend puisque le principe de la liberté d'expression le lui garantit, comme elle le garantit à tout le monde, pourvu que les propos ne soient pas diffamatoires ou ne soient pas une incitation à la haine raciale, ou d'autres choses de ce genre. Bref, elle a le droit d'avoir dit cela, mais je suis personnellement choqué par la violence et la démesure de ses propos, et même, pas d'accord du tout avec ce qu'elle dit. Et ça, j'ai le droit de le dire, et c'est ce qu'aurait dû se contenter de dire Eric Raoult, sans aller plus loin. Je note cependant que lorsque l'on choque, par exemple, la bien-pensance antiraciste en critiquant (pêle-mêle) tel pays (au hasard, Israël), certains communautarismes, la burka, ou encore la gestion de l'immigration depuis 30 ans, on est quasi systématiquement traité de raciste, xénophobe ou antisémite, voire jugé pour cela (pour soi-disant incitation à la haine raciale, cf Dieudonné par exemple). Pendant ce temps, Mme NDiaye, qui traite notre France de "monstrueuse", n'est poursuivie pour aucune incitation à la haine d'aucune sorte. Et c'est bien ainsi, car chacun doit pouvoir s'exprimer comme il le veut. Je suis donc pour davantage de liberté d'expression, bien davantage. En France, la liberté d'expression est je trouve très limitée. Et ne pas pouvoir dire certaines choses, ne jamais les dires, s'interdire de réfléchir à certains sujets, cela ne relève de rien d'autre que du totalitarisme intellectuel. J'ai parfois l'impression d'être dans 1984, où il ne faut jamais montrer que l'on n'est pas d'accord avec le système, ne jamais avoir d'idée originale, ne jamais discuter ce qui est présenté comme une évidence, ne jamais rien remettre en question de ce qui est établi, sous peine d'être arrêté. "n’est-il pas en train de nous réinventer un régime épuré de toutes les libertés et les avancées sociales acquises notamment au lendemain de la guerre" n'importe quoi! il faudrait encore pas mal de quinquennats pour ça. Ceci dit, j'apprécie que vous l'écriviez sous la forme interrogative, c'est plus prudent que de l'affirmer. Mais les libertés actuelles ne sont pas plus faibles que celles sous Chirac ou Mitterrand. Et la France reste un des pays du monde et de l'Europe le plus social. Et n'allez pas comparer la France avec certains pays Nordiques qui possèdent beaucoup de pétrole. Le seul moyen de préserver ces acquis tels qu'ils sont est d'aller à contre-sens de la mondialisation, avec, par exemple, une petite dose de protectionnisme et une Europe moins contraignante. Seulement, quasiment aucun homme politique n'est prêt à se battre pour cela. On peut aussi, comme le font beaucoup d'hommes politiques, conserver les acquis, conserver les règles actuelles de la mondialisation et des échanges, et se préparer à un chômage de masse d'ici peu. "veillons à ce que l’air du Morvan, de l’Auxois, de Puisaye, de la Bresse ou d’ailleurs puisse continuer longtemps à porter haut et clair nos propos libres, indépendants, voire impertinents !" -> Libre à moi de penser que vos propos n'ont rien d'impertinent, ils sont pour moi au contraire l'écho lointain d'une rengaine de gauche vieille et commune comme peu de fosses, qu'on entend presque à chaque fois qu'on n'est pas d'accord avec elle (la gauche). Ceci dit, je suis d'accord avec vous pour critiquer les propos d'Eric Raoult. Mais pas besoin de nous faire une tirade sur un régime soi-disant pré-totalitaire. Ca, cette tirade, c'est de la caricature, de la pensée banale. Ca fait au moins 3 ans qu'on nous raconte que Sarkozy nous prépare un régime totalitaire et que la gauche le compare à Napoléon quand elle est gentille et à Hitler quand elle est énervée. "des propos certes rudes, mais revêtant, personne ne peut le nier, une large part de vérité" Moi, je le nie.
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    2
    alpha
    Mardi 17 Novembre 2009 à 19:40
    mea culpa
    Je tiens toutefois à souligner la relative retenue de votre article, ainsi que son caractère assez mesuré. J'avoue que mon passage sur le côté caricatural de vos propos est lui-même très exagéré et assez injuste, veuillez ne pas m'en tenir rigueur. J'avais sans doute besoin de pousser un coup de gueule contre certains propos un peu trop caricaturaux. Donc mea culpa sur ce point-ci.
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