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  • Quelle différence y a-t-il entre le siècle de Louis XIV et le 21 ème siècle naissant ? La démocratie. Cette grande idée à laquelle nul ne saurait toucher sans s’attirer les foudres et qui, sous l’apparence d’un pouvoir du peuple par le peuple a remplacé un monarque de droit divin par des candidats désignés, nous laissant donc le choix entre deux idéaux. L’autre grande différence est la connaissance. Alors qu’être roi imposait d’être au-dessus des masses pour servir de guide, par la connaissance, l’instruction, l’enseignement, nos dirigeants modernes ont trouvé un outil beaucoup plus simple : L’égalité. Une valeur sacro-sainte, intouchable et « qui doit-être » (car qui oserait encore dire qu’il est culturellement ou scientifiquement supérieur à un autre ?) Un outil pratique que l’on appelle la manipulation des consciences qui permet à chacun de diriger l’autre en lui donnant l’impression qu’il est le propre chef de sa destinée.

    A quoi sert-il aujourd’hui de connaître Voltaire, racine, La Fontaine, le Latin,  le Grec, d’apprécier les arts, de savoir écrire correctement ? A rien. Parce que notre civilisation est entrée dans une phase de désapprentissage, et qu’à l’image de nos dirigeants, nous n’apprenons plus que ce qui est nécessaire et utile. Tout est devenu « pas grave ». « Je fais des fautes à tous les mots ? Bah pas grave tu me comprends quand même ». Je ne lis jamais un seul bouquin ? Bah pas grave, je n’aime pas ça puis de toute façon je ne comprends rien (suivi généralement d’un ricanement qui vous laisse sous-entendre que vous êtes un peu has been). C’est vrai, ne pas écrire en bon français ou ne pas lire, ne pas s’intéresser à autre chose qu’aux produits commerciaux, en oubliant les valeurs culturelles n’est fondamentalement pas une question de vie ou de mort, sauf si l’on considère sa vie comme autre chose que du temps à utiliser.

    Parce que c’est bien cela que nous a amené cette démocratisation qui a voulu au nom de l’égalité, que nous passassions (verbe passer, imparfait du subjonctif) d’une société de loups, dirigés par un chef de meute, à une société de chiens, égaux et s’imposant comme le modèle social, à une civilisation de moutons, suivant tous une même mode, un même produit, une même culture nivelée par le bas, une même émission montrant d’autres moutons face à leur problème existentiel : « Je suis une star mais personne ne le sait ! ».  

    La télévision (14 ans dans une vie) est la seconde activité des français après le sommeil (21 ans) et TF1, chaîne on ne peut plus bas de gamme est la première chaîne de France. Et ce sont ces gens qui passent donc 35 ans de leur vie à ne rien faire qui ne cessent de se plaindre qu’on ne leur donne pas assez de temps et qui réclament sans cesse plus de congés payés, plus de retraite. Certes, la réponse la plus courante est « j’aime bien, ça ne fait pas réfléchir « C’est ainsi qu’en 50 ans de télévision et 150 ans de démocratie, on s’enorgueillit d’avoir fait grandir une civilisation de gens qui ne veulent pas réfléchir et que l’on trouve cela normal, presque « branché ». Parce que la démocratisation n’a pas vocation de permettre un accès de tous à la connaissance mais de standardiser la connaissance pour qu’elle soit compréhensible de tous ceux qui « ne veulent pas réfléchir «  et qui prétendent, au nom de la liberté, avoir le droit de décider de tout.

    L’inculture est désormais une référence sociale, une norme. Ne pas savoir écrire correctement, lire, ne pas connaître est devenu quelque chose sans gravité, presque « in » plaçant ceux qui tentent de se préserver et de conserver un certain savoir comme des gens en marge de la société, des « has been » qui n’écoutent pas Lady Gaga, ne regardent pas ces français pathétiques s’exhiber dans les C’est ma vie ou ces artistes qui n’ont pas compris que le but d’un art est de créer et non pas de devenir riche et célèbre. Pis que cela, on les qualifie « d’élitistes », suprême insulte peu à peu remplacée par l’expression « bobo ».

    Pour savoir ce vers quoi nous allons, il suffit de lire Ray Bradbury qui a écrit en 1953 Farenheit 451. Un roman d’anticipation où il explique à travers la bouche du personnage Beatty qu’une personne particulièrement inculte aura tendance à nourrir de la jalousie et même de la haine envers une personne cultivée. C’est pourquoi lire est devenu un comportement asocial. Les livres dérangent la tranquillité d’esprit collective des masses qui se complaisent dans leur ignorance. La fonction des « pompiers » de ce monde n’est plus d’éteindre les incendies (les bâtiments étant désormais ignifugés) mais de brûler les livres.

    Antoine Gavory (qui n’a pas regardé TF1 depuis les débuts de la Star’ac

    A lire sur http://lespeintresdenevers.wordpress.com/


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