• Pour le BACde cette année, le journal du Centre a demandé à quatre écrivains (Michel Benoit, Jean Noel Leblanc, Jean Charles Cougny et moi même) de plancher sur les sujets de l'épreuve de philosophie. Un exercice passionnant pour les anciens étudiants que nous sommes. NOus avions le choix entre ces six sujets:

    Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?

    Le rôle de l’historien est-il de juger ?

    La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ?

    Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

    Thomas d’Aquin, La Somme théologique

    L’art peut-il se passer de règles ?

    Dépend-il de nous d’être heureux ?

    Les sujets nous ont été communiqués à 10H00 le jour de l'épreuve avec copie à rendre pour 14H00...

    Pour ma part j'ai choisi le sujet "Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?", qui aurait mérité non pas 50 lignes mais 500 pages.... mais bon il faut savoir respecter les consignes... une fois n'est pas coutûme...

    Voici donc ci dessous ma copie....

    La conscience du passé nous oblige constamment à  penser le futur en fonction des références que nous possédons, culturelles, historiques, religieuses ou philosophiques, de notre passé, singulier, ou commun à toute l’humanité, ou simplement à une catégorie de race, de culture ou familiale. La quête perpétuelle d’un avenir meilleur est conditionnée par nos actes, et par notre héritage tel que le définissait Lamartine « Le passé, l'avenir, ces deux moitiés de vie dont l'une dit jamais et l'autre dit toujours ». Sans cesse nous bâtissons l’avenir en prenant soin de ne pas répéter notre passé et nous nous claustrons de ce fait dans une continuité, ce qui pose de fait la question de la liberté de construire.

    Pour s’assurer de construire librement son avenir, ne devrions nous pas faire table rase de son passé ?

     

    Pour Homère, la passé doit être laissé à sa place de passé, et Vaudoyer disait que seuls les ignorants et les primaires peuvent déclarer que le passé est l’ennemi de l’avenir. Malgré tout, l’avenir pour Gambetta est accessible à tous. La notion même de civilisation repose sur une transmission de l’apprentissage et de la connaissance, sur des valeurs morales ou religieuses desquelles nous sommes tributaires. Au-delà de la question de l’avenir se pose celle de la liberté de construire son avenir. Se défaire du passé, c’est se défaire de ces valeurs et s’offrir la liberté de décider de son avenir dans une perception individualiste ou plus absolue, qui se libère des codes et des connaissances. Se libérer du passé c’est aussi se défaire du poids des douleurs de l’histoire et ne pas condamner l’avenir à supporter une responsabilité historique sur laquelle elle ne peut plus agir, comme les grandes guerres, les conflits de religion ou les exactions, et se donner la liberté de créer et de faire. Faire fi de son passé pour construire l’avenir c’est aussi recommencer un  nouvel apprentissage, se permettre de créer à nouveau, une connaissance ou une civilisation. Une notion qui est à la base même de la métaphysique, défendue par le cogito de Descartes qui veut que nous doutions de tout pour atteindre une  vérité indubitable, donc une connaissance vraie, et un avenir fait de certitudes et non plus d’héritages.

     

    Mais se défaire du passé, c’est aussi éradiquer l’expérience et la connaissance. Anatole France disait « Ne perdons rien du passé. Ce n'est qu'avec le passé qu'on fait l'avenir » et Marin Karmitz que  « Ne pas transmettre ses expériences, c'est castrer l'avenir ». Toute notre éducation et notre instruction repose sur les fondements même de ce que nous et les générations précédentes ont acquis pas l’expérience. Abolir le passé, c’est certes se libérer de carcans culturels, moraux ou religieux, mais aussi se défaire de la connaissance, de la science, de l’Histoire, qui même si elle nous oblige à réfléchir à l’avenir d’une manière différente permet aussi de penser un avenir meilleur. L’évolution même de notre espèce est basée sur cet apprentissage perpétuel et intergénérationnel, utiliser hier pour améliorer demain. Sans le passé, ses héritages et ses apprentissages, l’homme ne serait probablement qu’un être primaire, dénué de progrès, de savoir et dans une perpétuelle alternance d’erreurs et de réussite. La passé est certes un poids lourd à porter parce qu’il nous conditionne dans une évolution qui sans cesse nous rappelle à nos héritages et nous prive de la liberté même de penser ou d’agir en nous assénant de notre propre histoire. Mais s’en libérer totalement c’est aussi renier cette évolution et se placer dans une situation primaire au risque de ne plus évoluer, ou de répéter les mêmes erreurs.

     

    Descartes disait « Je pense donc je suis » et cette pensée oblige à une évolution du jugement, de la réflexion. Eradiquer son passé, c’est prendre le risque de cesser de penser et donc d’exister. La notion même d’avenir est conditionnée par notre existence, la conscience même de construire son avenir est soumis à la conscience d’exister et de réfléchir, et donc d’user de ses connaissances pour améliorer sa réflexion et son évolution. Construire son avenir en oubliant le passé est un concept philosophiquement impossible parce qu’oublier son passé, c’est renier son évolution, sa civilisation et sa propre existence, et que pour construire un avenir, il faut être, et nous sommes parce que nous sommes faits de notre passé. Peut on dès lors réellement se construire un avenir sans une réalité de notre existence?

     

     


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  • Une nouvelle émission du 14 juin, avec Bernard Capo...

    Vous pouvez réécouter toutes les émissions dans le lien à droite Réécoutez les émission.

     


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  • Je suis dans un dilemme. Depuis quelques temps me vient cette interrogation : Suis-je paranoïaque ? Plus je regarde mon pays et plus je vacille entre l’idée que notre république sombre totalement dans l’injustice. C’est impossible. La constitution française définit la démocratie comme le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple (article 2)… si c’est écrit, c’est que c’est vrai… Pourtant… Il y a deux ans LA crise (vague notion théorique qui signifie que les riches s’enrichissent et que les plus pauvres vont trimer) nous inondait. Aujourd’hui, grâce à notre Président, la crise est finie… du moins c’est ce que l’on en dit… La bourse s’effondre, les pays d’Europe sont au bord de la faillite, les chômeurs sont de moins en moins nombreux parce que de plus en plus en fin de droits et donc ôtés des listes des demandeurs, et comme l’Etat n’a pas été capable de jouer son rôle d’autorité, l’Etat paiera…

    Et là, personne, surtout pas ceux que nous engraissons n’oublient que l’Etat c’est nous (ce que l’on omet assez facilement quand il y a des bénéfices à prendre). Autrement dit soyons réalistes, que la France aille ou n’aille pas, de toutes façons, le peuple lui, ne fera que subir et continuer à ramer pour assurer la pérennisation d’un système qui me parait de plus en plus utopiste : la démocratie, le pouvoir du peuple par le peuple, puisque « koikispass » nos dirigeants ont oublié qu’ils se devaient de travailler pour nous et nous entraînent irrémédiablement vers une république bananière et oublient surtout de dire qu’ils n’ont aucun pouvoir face à cette mondialisation devenue incontrôlable…


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